

70 pages
Illustrations n. et b.
Imprimerie I.C.N. Orthez
1956
Varennes-sur-Allier petits textes sur
les travaux de rehaussement des locaux
scolaires, le marché avec ses caractéristiques
de l'époque, scène de la
vie quotidienne etc. (C.F.)
1917 Buxières-les-Mines la vie
difficile des habitants pendant la Première
Guerre mondiale, belles descriptions de
la nature (J.F.)
1942 - 1945 Le Mayet-de-Montagne, Varennes-sur-Allier
pendant la guerre. Récits d'un
adulte inspirés par l'il
observateur d'un adolescent turbulent.
(R.F.)
1538 Lorenzaccio à Moulins (C.F.)
Gigantesque
chantier (Varennes-sur-Allier)
Été.
L'école, décapitée,
s'élève peu à peu
d'un étage. Sans son toit, l'enfant
que je suis la voit changée, dénudée,
méconnaissable. La cour, d'ordinaire
si calme, résonne de bruits de
moteur : bétonnière, camions,
grues, scie manuvrée par
des charpentiers. Elle est envahie par
les matériaux. Des ouvriers s'activent,
pelles en main. D'autres grimpent à
des échelles appuyées contre
les murs. En haut, les maçons,
calés sur des échafaudages,
empilent les briques, une à une.
Le désordre de l'étage est
complet : sciure répandue, piquets,
brouettes, plafonds effondrés.
Le rez-de-chaussée apparaît
en triste état.
Le
vieux château (Buxières-les-Mines)
De nos jours, il reste encore quelques
châteaux forts. Certains sont restaurés
et habités. C'est le cas de celui
où je vis. J'en connais les moindres
recoins mieux que tout autre.
De loin, on ne voit qu'une masse sombre
enfouie dans les arbres. Une petite rue
encaissée y amène. On distingue
un vieux mur lézardé et
des meurtrières espacées.
Un fossé fait le tour des habitations.
Un pont
permet
de le franchir. Pour arriver dans la cour,
il faut traverser un couloir sombre, puis,
lorsqu'on est revenu à la lumière,
de grands platanes s'offrent à
la vue. Les murs
apparaissent noircis et décrépits.
De grands
escaliers permettent d'accéder
aux logements. La pointe d'une tour dépasse
du toit. Dans un coin, un trou garni de
lames de fer rouillées fait l'office
d'oubliettes. De grandes fenêtres
s'ouvrent sur la cour quasi-circulaire,
plusieurs antiques balcons en pierre leur
font pendant.
Le Mayet-de-Montagne
: arrivée des
Allemands
J'avais assisté à l'arrivée
des Allemands. Mon oncle Gustave et ma
tante Arlette, qui avaient fui sur leur
moto, se trouvaient chez nous, mais sans
essence pour poursuivre leur route ou
retourner à Versailles. Nous étions
dans la petite salle et, de la fenêtre
devant laquelle je me baissais tant j'avais
peur, je vis des motocyclistes en feldgrau
(couleur verdâtre des uniformes
allemands),
casqués, Mauser en bandoulière,
foncer en trombe dans la cour, tourner
deux ou trois fois, partir, revenir suivis
d'une sorte de jeep (nous ne connaissions
pas encore le nom), puis d'un camion d'où
sortirent plusieurs
gradés et soldats. Ce qui les intéressait,
c'était un gros poste émetteur
bourré de manettes et de fiches,
que les Français en déroute
avaient abandonné quelques jours
auparavant dans la classe de monsieur
Pertubat (trop âgé ou inapte,
il n'avait pas été mobilisé).
Nous n'en menions pas large, ma mère,
39 ma tante et moi. Mais mon oncle, à
notre grand effroi, décida d'aller
leur parler pour leur acheter de l'essence.
Lorenzaccio à Moulins l'espace
d'un
Printemps
Initialement
connu sous le surnom de Lorenzino (le
petit Laurent) qui le différencie
de Lorenzo il Magnifico (Laurent le Magnifique,
1449-1492), Laurent de Médicis
(1514-1548) apparaît dans la littérature
française au 19e siècle,
grâce à
George Sand et Alfred de Musset, en antihéros,
affublé de son second suffixe,
péjoratif celui-là : Lorenzaccio
(le mauvais Laurent). Personnage énigmatique,
parfois attachant, capable aussi de se
montrer exécrable.
Mais sait-on qu'il a vécu à
Moulins plusieurs mois de son existence
?
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