Editions
& Régions
La
Bouquinerie (Valence)
9782847941142
13 euros
Il
fait bon vivre à Romans-sur-Isère,
ville moyenne d'aspect tranquille. Pourtant
les apparences sont trompeuses : les statistiques
dénombrent plus d'un délit
par jour.
L'histoire racontée par Claude
Ferrieux place le lecteur face à
une disparition inquiétante, celle
d'une jeune étudiante d'origine
turque prénommée Fadimé.
Maryse Ancelin, commandant
de police fraîchement nommée
à Romans mène l'enquête.
Ce personnage n'est pas une inconnue
pour les lecteurs du précédent
roman : Commissaire Bourbonnais, puisqu'elle
y figurait comme enquêteur en second.
Sur les traces de Fadimé, Maryse,
aidée de son équipe, recherche
un à un tous les éléments
du puzzle qui reconstitue la vie de la
jeune disparue : fréquentations,
amitiés, intérêts.
Peu à peu on découvre sa
personnalité attachante. Et l'enquêtrice
en profite pour connaître Romans,
son patrimoine, sa diversité, ses
communautés, son tissu industriel
et social.
Parfois la nostalgie
la gagne et elle se remémore sa
vie dans l'Allier, à Vichy et
ses environs. Mais le stress lié
à l'enquête reprend vite
le dessus : quelle issue pour Fadimé
?
Une intrigue qui met en scène des
femmes modernes dans leur dimension humaine,
fortes mais fragiles.
Romans-sur-Isère,
Drôme ; Maryse s'est tout juste
installée en cette chaude journée
d'août. De son balcon, elle découvre
la masse sombre du Vercors sillonné
à ses pieds par les eaux impatientes
de l'Isère. Le soleil tape fort
mais elle constate avec plaisir qu'une
brise légère, venue du Nord,
traverse l'appartement. La vallée
s'ouvre comme une promesse vers le Sud.
À l'ouest, l'Ardèche, escarpée,
mystérieuse. Tout cela lui plaît,
cependant elle n'est pas venue à
Romans pour contempler les paysages. Elle
ne doit prendre officiellement son service
au commissariat que demain. Néanmoins
elle décide d'y faire une petite
apparition cet après-midi même.
/...
Au
départ, un signalement de la gendarmerie
de Bourg-de-Péage : sur le pont
qui enjambe l'Isère, on a retrouvé
une paire de chaussures de sport, pointure
trente-neuf et un sweat. Le tout disposé
au milieu précis du cours d'eau,
près du rebord en aval. Les gendarmes,
alertés par un promeneur, ont pris
des clichés avant de retirer les
effets vestimentaires.
- On pourrait penser à un suicide,
dit Khanzian.
-Ou à une mise en scène,
suggère Maryse. /...
Maryse,
décelant une étincelle auto-satisfaite
dans le regard de ses adjoints comprend
qu'elle a visé juste. L'ambiance
autour d'une boisson dans la salle de
repos est parfaitement détendue.
Chacun dévoile ses origines lointaines,
étrangères, comme le suggèrent
les patronymes. Nora, née à
Romans même, ne prend guère
avantage sur Khanzian, Drômois des
environs de Valence ou Palestra arrivé
du grenoblois. Maryse confie qu'elle est
bourbonnaise. " Région de
Vichy " sourit-elle pour chasser
les mimiques étonnées. Une
ville assez calme, comparable. Elle y
a longtemps exercé du temps où
on disait : inspectrice. Un commissaire
venu du Canada, une bien belle équipe,
assure-t-elle, un instant nostalgique.
Puis elle parle du coup des chaussures
abandonnées sur le pont, qui lui
rappelle quelque chose, un film
oui, un film avec Marcello Mastroianni
qui laisse croire à son suicide
pour fuir une épouse acariâtre
et refaire sa vie ailleurs, incognito,
avec une maîtresse. /...
Maryse
rentre chez elle. Le temps a changé.
D'épais moutons blanchâtres
s'amoncèlent devant la paroi abrupte
du Vercors. Seule la ligne de crêtes
émerge, fractionnée par
les nuages qui, en s'engouffrant dans
chaque brèche, rendent plus évidentes
les cassures. La policière se sent
lasse. Elle a géré la situation
par une parfaite maîtrise personnelle,
maintenant ses nerfs se relâchent.
Étendue sur le clic-clac de son
salon, elle prend conscience du risque
couru. Elle n'a plus vingt ans
C'est alors qu'elle se revoit, confrontée
à une situation comparable, de
nombreuses années auparavant. Un
vol à main armée dans une
bijouterie de Vichy, en plein jour, qui
avait mal tourné. Un homme masqué
avait fait irruption dans le magasin et
menacé le bijoutier avec un pistolet.
Sous la contrainte, celui-ci avait ouvert
ses vitrines et commencé à
remplir un sac qui lui était tendu.
Si ce n'est que l'épouse du commerçant
qui avait tout vu depuis l'arrière-boutique
à travers un miroir sans tain,
plutôt que d'actionner une alarme
sonore qui aurait mis en danger son mari,
avait choisi d'alerter discrètement
la police par un coup de fil. Elle espérait
que le voleur soit intercepté à
l'extérieur et le butin récupéré.
La bijouterie se trouvait à deux
rues du commissariat et la police arriva
très vite, les agents bloquant
les rues avec leurs voitures aux gyrophares
agressifs. /...
Palestra et Khanzian en boîte. Le
récit, volontairement poussé
vers la caricature, tend à dissiper
la sourde angoisse qui commence à
planer sur l'équipe d'enquêteurs,
au fur et à mesure que le temps
passe et que l'hypothèse de l'issue
tragique à la disparition prend
de la consistance. À force de chercher
dans la vie de Fadimé, de parler
d'elle, les enquêteurs subissent
l'influence de sa personnalité
attachante. Parenthèse en trompe-l'il,
donc. Palestra a kiffé sa soirée.
Khanzian idem : des meufs trop craquantes.
Il en pinçait, selon son collègue,
pour une fille canon, blonde à
la poitrine voluptueuse
- Te gêne pas, balance ! a jailli
Khanzian, sous le regard médusé
du reste de l'équipe. L'expression
divertie de Maryse vaut autorisation.
- Une ambiance trop top, a enchaîné
Palestra. /...
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